Retraite, croisière, pèlerinage ? « Pères-en-mer » tient un peu des trois à la fois. Depuis quinze ans, cette proposition originale rassemble des pères de famille, pour une petite semaine de navigation et de partage, sous le regard de Dieu.


Les hommes sur la Lande (pères en mer)

_Photo de groupe sur la lande au seuil de la chapelle Notre Dame de Bonne nouvelle, un site étonnant, qui domine le port de la Meule. Nous sommes sur le versant sud et sauvage de l’île d’Yeu, après une célébration de l’Ascension dans un lieu de culte plutôt inattendu. La promeneuse – comme nous, de passage – ne cache pas un étonnement amusé : « Y’a pas une seule femme dans ce groupe ! » Depuis quinze ans, la formule rassemble pour quatre ou cinq jours des pères… de famille, comme vous et moi, et aussi quelques pères… en religion comme Bernard Bougon s.j.
Cette année, pour l’édition 2010, nous sommes une bonne vingtaine, embarqués sur quatre Dufour 34, des monocoques de 10,30 m. amarrés sur le port de la Trinité. Une petite semaine de vie et de navigation commune, c’est déjà en soi une aventure humaine. Certains sont des vrais « pros » de la navigation, d’autres mettent pour la première fois le pied sur un voilier. Quadras, quinquas, sexagénaires,… Sur le ponton de la Trinité, il y a ceux qui s’y retrouvent en habitués et ceux qui « débarquent, » intrigués.

Une fois à bord, toutes les conditions sont réunies pour transformer cet appel du large, en un chaleureux compagnonnage. On cause popote, on échange des savoir-faire, des techniques, des idées, et on partage jour et nuit un espace réduit, souvent instable, parfois chahuté. Cet échange quotidien fait de simplicité et d’attention mutuelle est sans doute la première marque de fabrique de « Pères-en-mer ». A l’origine de cette initiative, Jean-Michel André -que je rencontre la veille du départ autour d’un pot- m’explique, que ce fut d’abord un rendez-vous entre amis, qui avaient pris l’habitude de se retrouver pour une semaine de navigation. Par la suite, ils décidèrent d’élargir le cercle. Et depuis lors, chaque année de nouvelles têtes prennent la mer à leur tour.

Mais assez bavardé ! Il n’est que temps de larguer les amarres… Une journée à « Pères-en-mer » commence (rassurez-vous !) par un brin de toilette, par un café aussi, mais surtout par une bonne heure de manœuvre. Selon les embarcations, il y a place pour un temps d’oraison avant le départ, ou en mer. Sur notre bateau, nous avons vite adopté pour la deuxième solution : c’est vrai, nous ne sommes pas les plus matinaux ; mais la guitare de Claude pousse nos chants, loin, très loin au-delà de l’horizon.

Au spi (pères en mer)

Ca y est, la grand-voile est en place ; parés pour le grand largue, on peut hisser le spi et affaler le foc ! (S’il lit ces quelques lignes, Mathieu, notre skipper, verra que j’ai quand même retenu quelques bribes de ses enseignements…). Le cap est tracé, l’allure régulière. Sur le pont ou dans le cockpit, Michel, puis Gilles, puis Mathieu se plongent dans la documentation que Bernard a préparée à l’attention de tous. Méditations en solitaire, face à l’immensité de l’océan, qui peut s’étendre sur la journée, au rythme de chacun… Thème du jour : « les relations parents-adolescents ». Sujet de la veille : « ma maison, miroir de moi-même ». Au programme du lendemain : « existe-t-il un modèle de famille chrétienne ? »

Chaque soir sur le coup de 18h00, au port ou au mouillage, vient le temps de l’échange avec l’équipage d’un autre bateau. Un rendez-vous d’écoute, d’abord, au cours duquel chacun est invité à apporter son ressenti d’homme, de mari ou de père de famille. Alors, malgré la distance et le dépaysement, on se surprend à se retrouver finalement au plus-près de nos foyers familiaux. Ca doit être ça la magie de « Pères-en-mer ». Une expérience unique qui emprunte à la fois à la croisière, au pèlerinage et à la retraite. Au gré du vent, au souffle de l’Esprit…

Jean Paillard

Le prochain Pères en mer aura lieu la semaine de l’Ascension

du lundi 30 mai 2011 au soir au dimanche 5 juin au matin.

Pour tout contact ou renseignement :
Jean-Michel André, Jeanmichelandre [at] sfr.fr