« Être arbre, pirogue ou les deux en même temps ». C’est par l’évocation de ce mythe mélanésien qu’Edouard, 34 ans, tiraillé entre ancrage et voyage, se présente. Lorsqu’il part en Allemagne en 2011, son diplôme d’ingénieur en poche, il satisfait le besoin de la pirogue. En 2015, lassé de la production et de la recherche, il rentre à Paris et devient consultant chez Devoteam, spécialisé dans le digital. C’est dans la banque qu’il satisfait le besoin de l’arbre et essaie de les gérer « en même temps ».

Enraciné dans la culture chrétienne grâce à sa formation, ses engagements, son appartenance au MCC depuis un an, Edouard aime l’abstraction, le codage, l’architecture informatique, la gestion de bases de données. C’est en Allemagne, chez Nestlé et Unilever, qu’il débute sa vie professionnelle comme ingénieur en production. Il y peaufine ses quatre langues, satisfait son goût des rencontres et affirme son appétence pour le secteur de la transformation digitale. Il comprend aussi qu’il préfère faire ce qu’il aime plutôt que ce qu’on attend de lui. De retour à Paris, enchaînant ses missions, il entre à la Société générale au début du Covid et fait la découverte du télétravail tandis qu’il démarre « en même temps » l’apprentissage du japonais, langue qui le fascine, sur « Duolingo ». Il préfère l’univers feutré de la banque à l’ambiance odorante des usines. Avec le déconfinement il découvre ses collègues qu’il ne connaissait que par la voix, consultants comme lui qui valsent selon les besoins informatiques des entreprises toujours sous-évalués…

Au MCC, il retrouve l’humain et des possibilités d’échange et de parole, une écoute bienveillante. Très rapidement responsable d’équipe, il rentre dans l’équipe d’animation des JP parisiens il y a quelques semaines, participe à l’organisation d’événements… Au fil des réunions, il réfléchit, avec ses co-équipiers, sur l’ennui au travail, les encycliques du pape François, la dimension écologique du monde et évoque une question sur le thème : « l’héritage chrétien est-il une richesse ou un fardeau ». S’il apprécie son ancrage parisien, il est « en même temps » attiré par la nature. Est-il en train de découvrir que c’est avec le bois de l’arbre qu’on fait la pirogue et qu’on peut s’unifier ? C’est ce que l’on peut lui souhaiter.

Solange de Coussemaker