Peut-on sérieusement décider des grandes orientations de nos politiques publiques pour les cinq prochaines années sans s’intéresser au sort des plus pauvres d’entre nous ? Sans écouter ce qu’ils ont à nous dire ? En cette année d’élections présidentielles puis législatives, « Paroles de sans voix » donne la parole à celles et ceux que l’on n’entend peu ou pas dans le débat public.

Pour sa quatrième édition, l’opération est menée en partenariat avec Ouest-France.fr qui accueille sur son site internet reportages, vidéos et podcasts. Ces contenus sont réalisés par des jeunes des quartiers en formation au sein de l’association Reporter Citoyen et par des journalistes en alternance au CFPJ, en liaison avec le Secours Catholique et ATD-Quart Monde. « Paroles de sans voix » est une initiative de l’association Georges Hourdin, qui regroupe les familles des fondateurs de l’hebdomadaire La Vie.

Force est de constater que les personnes en grande précarité sont rarement entendues lorsquil s’agit de prendre des décisions les concernant. Comme si le principe de concertation qui s’applique dans bien des domaines de la vie sociale s’arrêtait dès lors qu’il s’agit de pauvreté ! Pourtant, ces personnes ont beaucoup à nous apprendre quant aux difficultés auxquelles elles sont confrontées.

Les écouter est la meilleure façon d’adapter au mieux les mesures les concernant, pour tenir compte de la réalité et éviter une approche trop souvent technocratique inadaptée. Montrer la réalité qu’elles subissent va souvent à l’encontre de bien des idées reçues. Cela nous éloigne des propos simplistes ou stigmatisant ces personnes qui ne sont en rien responsables des hasards de la naissance ou des accidents de la vie qui les ont conduites à ces situations. Enfin, valoriser des solutions qui contribuent à leur permettre une vie plus digne pour se loger, se nourrir, se former, trouver un emploi, etc. constitue une contribution utile aux débats.

Cette démarche répond à une double exigence : une exigence de dignité et une exigence d’efficacité dans l’emploi des deniers publics. C’est une façon d’écouter ces « sans voix » avant de donner la nôtre à ceux qui briguent nos suffrages.

Aurore Chaillou et Bruno Voisin, journalistes et coordinateurs du projet

Découvrez la série « Paroles de sans voix » sur le site de Ouest-France : « Mal logée, Sabrine reprend enfin confiance à Saint-Brieuc », « Arrêtez de juger les gars de la rue », « Réussir son permis pour trouver un emploi », « Youl et Oli, réfugiés bangladais, le sport comme respiration », « Moussa, se libérer de la violence », « Dans ce bidonville du Val-d’Oise, des ateliers égayent le quotidien précaire des enfants », etc.

© Sergio