La paroisse était presque parfaite, le roman parfait… ou presque ! Avec le déconfinement et la rentrée des classes, nous avons retrouvé le chemin de nos paroisses, leur train-train, leurs chants pas toujours à notre goût et leurs sermons parfois hermétiques… À l’image du héros d’Anne Kurian, le journaliste agnostique Samuel Favre pénétrant à la paroisse Saint-Hugues, nous pourrions être guettés par la morosité, voire le scepticisme : ces gens qui parlent de l’Évangile sans que cela ne change rien à leur vie, ces individus incapables de faire preuve de la plus élémentaire charité les uns envers les autres, ces coteries dont rien ne semble pouvoir abolir les frontières, est-ce donc cela l’Église du Christ ? Et ce ne sont pas les tentatives de nouvelle évangélisation du curé de Saint-Hugues, le père Luc, qui y changeront grand-chose. Il faudra une mystérieuse intervention pour que la paroisse cesse d’être un « distributeur de sacrements » et redevienne une communauté de frères et sœurs qui s’aiment et surtout aiment leurs prochains, ces voisins qui ne viennent pas à l’église ! Le roman se clôt sur la vision d’une maison paroissiale ouverte sur le quartier où chacun peut trouver ce qu’il lui faut, qui une oreille attentive, qui une aide matérielle.

Sous des dehors légers et un humour primesautier mais toujours tendre, Anne Kurian livre ici un véritable petit traité de théologie pastorale inspirée du pape François et de La Joie de l’Évangile. Avec ces pages bien écrites et faciles à lire, elle invite le lecteur à la réflexion et, qui sait ?, à la conversion.

Mathilde Hallot-Charmasson

La paroisse était presque parfaite, Anne Kurian, Éditions Quasar, 180 p., 2019, 17 €