La France a inscrit cet objectif au premier rang de ses priorités pour sa présidence du Conseil européen. Lorsqu’on voit l’Europe écartée des discussions sur l’Ukraine, alors qu’elle est au premier chef concernée, et de fait sur le nucléaire iranien, lorsque Joe Biden décide de retirer les troupes américaines d’Afghanistan sans rien demander à ses alliés européens, on se dit que l’Europe compte pour du beurre.

Mais l’Europe n’a pas été conçue pour être une « puissance ». L’objectif était de constituer un ensemble de paix, de coopération et de prospérité en Europe après des siècles de déchirement fratricides. Le but est parfaitement atteint. Mais faut-il aller plus loin ? Les temps ont changé depuis 1949. Et l’Europe est menacée par les grands empires – Russie, Chine ou un ex-grand empire, la Turquie, qui veulent retrouver leur splendeur passée et développent une agressivité sans limite pour faire oublier à leurs populations leur incurie et/ou leur mépris des droits de l’Homme. Une solidarité et une conscience européenne sont nées. L’Union apparaît de plus en plus comme un îlot de calme et de paix dans un monde agité et menaçant. Mais elle ne peut plus se reposer entièrement pour sa sécurité et la défense de ses intérêts sur une Amérique instable et en perte de vitesse et doit protéger ses intérêts.

Le chemin pour transformer cet ensemble un peu hétéroclite de 27 pays en une puissance qui compte sera long et passe nécessairement, qu’on l’admette ou non, par une structure fédérale. C’est-à-dire par des délégations de souveraineté. De telles délégations ont déjà eu lieu sur le plan économique, commercial et monétaire avec le traité de Maastricht dont nous célébrons le 30e anniversaire. Certains voient dans une union renforcée de la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne une voie de progrès dans cette direction. Mais ces quatre pays ne sont pas plus prêts que les autres à céder une part de leur souveraineté dans les domaines de la défense et de la politique internationale. Surtout l’Allemagne qui entend préserver son indépendance vis-à-vis de ses clients.

En attendant, il faut espérer que la présidence française permettra d’opérer des rapprochements indispensables sur la position de l’Union face aux menaces de Poutine, de Xi Jinping et d’Erdogan.

Claude Bardot, ancien co-responsable du secteur Nord des Hauts-de-Seine, secrétaire général de la section des Hauts-de-Seine du Mouvement européen