La couverture, le bandeau, les photos intérieures signent un récit d’aventure, la nomination au festival de l’aventure intérieure soulignent cette dernière. C’est le chemin que nous propose Capucine. Jeune professionnelle promise à un avenir brillant, elle quitte Paris pour se préparer à la Mini Transat en solitaire. Mais une opération du genou la conduit à Kerpape, un centre de rééducation fonctionnelle près de Lorient. C’est là qu’elle est réduite à compter ses cachets de morphine et à découvrir qu’elle a une maladie génétique incurable.

Elle décide alors de remettre à l’eau Tara Tari, un dériveur en toile de jute construit par son ami Corentin au Bangladesh. Sur le chantier d’un ami voileux, elle retrouve petit à petit ses forces au point de vouloir traverser l’Atlantique.

Mais l’aventure devient de plus en plus intérieure. Car il lui faut affronter les tempêtes de la Méditerranée, l’indifférence des cargos dans le détroit de Gibraltar, un calme plat au large du Maroc, la puissance d’une orque et une énorme tempête au large des Canaries. À chaque étape, elle mesure ce qu’elle risque et prend le temps de discerner si elle en est capable. Elle sait renoncer à franchir un cap à la voile, se retirer dans une caverne pour se reconnecter avec les éléments, se faire accompagner aux moments difficiles par des amis fidèles. Chaque étape est un moment de vérité. On ne triche pas avec la mer, comme on ne triche pas avec soi-même.

Le lecteur chrétien sera étonné par un vocabulaire très séculier. La fête de Noël ne l’empêche pas de naviguer, même si elle lui permet de retrouver sa famille. Aucune mention du prophète Élie lors de sa retraite de six jours dans une caverne des Canaries. Pourtant, il reconnaîtra aisément tous les éléments d’une véritable expérience spirituelle : liberté intérieure, connexion avec les éléments, et surtout la joie comme boussole, véritable compas intérieur qui lui fait traverser ses peurs pour trouver la vie.

Bertrand Hériard-Dubreuil

Capucine Trochet, Tara Tari – Mes ailes, ma liberté, Arthaud, 2020, 336 pages, 19,90 €