Le conflit entre le Hamas et l’État d’Israël dure maintenant depuis plus d’un mois et les mots semblent si impuissants, presque inutiles. Comme le disait le rabbin Delphine Horvilleur dans Le Monde du 15 octobre 2023, il ne faudrait surtout pas que nos mots ajoutent du malheur au malheur ou à la haine, mais qu’ils servent la voie du dialogue. La prière semble une arme bien faible également, et pourtant, que pouvons-nous faire d’autre ? Sans doute avoir des sentiments d’empathie pour toutes les victimes de ce conflit terrible. Et œuvrer pour sa fin.

J’aimerais partager avec vous deux sentiments qui m’habitent.

Le premier, c’est le sentiment d’empathie que nous devons avoir envers nos frères et sœurs juifs. Saint Paul, dans l’épître aux Romains au chapitre 9, dit qu’il prie tous les jours pour ses frères et ses sœurs juifs. N’oublions pas que Jésus, Marie et les apôtres étaient juifs et qu’ils avaient un grand amour pour le peuple d’Israël. Saint Jean dit que le salut vient des Juifs (Jn 4,22). Leurs douleurs sont nos douleurs et leurs joies sont nos joies. Saint Bernard de Clairvaux, lors des pogroms en Allemagne au IXème siècle, disait : « Ne touchez pas aux enfants d’Israël, car ils sont la chair et les os du Messie, si vous les blessez, vous risquez de blesser le Seigneur à la prunelle de ses yeux ? ». Nous avons avec ce peuple une relation spirituelle profonde, donc, notre premier sentiment est celui-là.

Mais, en tant que chrétiens et êtres humains – le mais est de trop -, comment ne pas être touchés par toutes ces victimes civiles à Gaza, comment ne pas pleurer avec toutes ces mères qui pleurent leurs enfants ? Ces familles ravagées ? Ce sont nos frères et sœurs en humanité, ce sont des êtres aimés de Dieu, leur vie a du prix aux yeux de Dieu. Comment ne pas tout faire pour essayer de les protéger ?

Faire l’effort de refuser l’équation entre les Palestiniens de Gaza et le Hamas, comme nous refusons l’équation entre les Israéliens et le gouvernement de monsieur Netanyahou. Se souvenir que de nombreux juifs, en Israël comme au-dehors, s’opposent à sa politique de refus de dialogue et de négociation.

Alors, que nos mots n’ajoutent pas du malheur au malheur, qu’ils servent le dialogue et la paix, que nos mots soient le plus évangélique possible !

Seigneur, toi qui es le Prince de la paix, encourage tous ceux qui se battent pour une résolution pacifique et fais de nous des artisans de paix !

Marc Rastoin sj

Chronique mensuelle sur KTO, le 23 octobre 2023, mise par écrit et actualisée pour le MCC