« Je suis venue au MCC pour qu’il m’aide à y voir clair, me positionner ; à répondre à mon aspiration à faire évoluer “le monde” (celui de mon travail mais pas seulement) et y prendre les bonnes options ». Combien sommes-nous à nous retrouver dans les mots de cette JP entendus cette année lors du processus « d’écoute interne » du mouvement ? Au travail, devant le sentiment d’impuissance qui nous saisit parfois, la colère d’avoir « tout bien fait » et pourtant de se heurter à des logiques (si peu logiques…) qui nous dépassent, revient la double question, inlassable, du « que faire, comment faire ? », malgré des années de pratique MCC. « Trouver des marges de manœuvre », comme l’enseigne le mouvement, c’est aussi, souvent, découvrir qu’on ne peut agir seul en ces temps troublés. Qu’on ne peut rester isolé. Qu’on est plus fort à plusieurs pour trouver des leviers, se mettre en réseau. Coopérer aussi ; penser collectif.

Ma génération a découvert qu’on ne pouvait transformer le monde qu’en se transformant d’abord soi-même ; celle qui arrive aujourd’hui sait qu’il faudra réconcilier ces deux termes, et qu’on ne pourra faire face qu’avec une vision d’ensemble, un agir collectif appuyé sur une exigence personnelle. C’est le sens du « mouvement » qu’est le MCC, un mouvement signifiant réflexion et dynamique collectives. Arrivés au point charnière de notre démarche de régénération, réinventons le MCC pour qu’il joue sa partition dans ce monde et que nous soyons acteurs à travers lui. Qu’il puisse accompagner l’Église, aussi, à être mieux présente au monde, actualiser la « doctrine sociale » et la mettre à l’œuvre. L’humanité est engagée dans la résolution de crises majeures qui se résoudront collectivement ; ce terme de « collectif » s’envisageant d’une manière entièrement nouvelle, qui reste à construire.

Je pense alors au petit conte du colibri – certains d’entre nous, agacés par cette figure, soulignent que l’action des petits colibris ne pourra éteindre l’incendie du monde ! En fait, ce que montre le conte, ce n’est pas (seulement) que les petits ruisseaux font les grandes rivières : il dit que le colibri est en alerte pour repérer les incendies du monde avant les gros animaux, pris dans leur inertie ou leur confort. Il révèle surtout que l’exemple donné par les petits oiseaux est ce qui pourrait mettre en action les gros éléphants et leur troupeau (c’est-à-dire, ceux qui sont à même d’éteindre l’incendie).

Acuité de vision, exemplarité individuelle et collective. Contempler, discerner, agir. Voilà notre chance, notre responsabilité vis-à-vis des plus jeunes d’entre nous, qui recherchent dans le mouvement un soutien collectif et en réinventent les formes d’appartenance et d’action. Ainsi, pour le pape François, « il est urgent d’adopter une vision plus large qui nous permette non seulement d’admirer les merveilles du progrès, mais aussi de prêter attention à d’autres effets que nous n’aurions probablement pas pu imaginer il y a un siècle. Il ne nous est rien demandé de plus qu’une certaine responsabilité face à l’héritage que nous laisserons de notre passage en ce monde » (exhortation apostolique Laudate Deum, octobre 2023). La « vie d’équipe » proposée dans cette Lettre, ainsi que le prochain numéro de Responsables de novembre, seront autant d’occasions de faire le point et de se redire le sens de notre engagement, avant l’assemblée du 18-19 novembre prochain.

Mireille Viora, pour le comité de rédaction