Les modes de vie imposés par cette crise systémique ont parfois ressemblé à certains récits d’effondrement post-cataclysme… Pendant quelques semaines la fiction a pu se trouver dépassée par la réalité de notre vie modifiée, un mélange détonant d’hyper-connexion numérique, de système économique à l’arrêt, une course de vitesse au plan médical et des restrictions de toutes sortes de nos consommations… Le sentiment de l’urgence s’est accru, certaines solidarités aussi. Le débat sur l’acceptabilité de la contrainte, sur ce que serions capables d’endurer pour sauver notre humanité, notre présence sur la planète, s’en trouve ainsi transformé. Et, comme le suggère le philosophe Étienne Klein, l’idée qu’il y aura demain un monde autre que celui d’avant semble avoir remplacé l’idée de fin du monde…

Ces turbulences éclairent d’une lumière crue les menaces qui planent sur les transitions à mener, et « les risques encourus si les efforts à conduire sur plusieurs décennies restent placés sous la tyrannie du court terme (chocs énergétiques, resserrement des contraintes budgétaires, tensions internationales …) », selon les mots de l’économiste Patrice Geoffron. Quels sont les récits à l’œuvre qui réinvestissent le futur à partir de la crise ? Quels mots trouver pour rendre compte de ce que nous devons traverser ? « Seules les sociétés où les objectifs de cette transition auront longuement « infusé », où le sens des efforts sera largement partagé, où la charge aura été équitablement répartie, gagneront en résilience et progresseront en résistant à ces chocs » poursuit-il. Un tel récit manque à notre époque ; il pourrait aider à imaginer « où on va », et à en choisir le chemin…

Construire un grand récit collectif nous aiderait à retrouver du sens, au-delà de nos récits personnels. Nous transformant en « passeurs d’avenir », comme nous y invitera dans quelques mois notre Congrès.

L’été qui s’ouvre nous offre de changer d’air, de se raconter de nouvelles histoires. De s’emparer de nos émotions, de façon positive et de façon partagée.

De se déconfiner, corporellement, spirituellement !

Doux et bel été de la part du comité de rédaction.

Mireille Viora, comité de rédaction