Didier Bille a travaillé longtemps dans des services DRH de grandes entreprises transnationales, souvent comme directeur. C’est ce qui fait la légitimité de ce livre qui décrit très sévèrement les DRH et leurs méthodes managériales. Le livre est bâti autour d’exemples concrets vécus par l’auteur, les noms des entreprises et des personnes ayant bien entendu été modifiés.

Le livre montre principalement des entreprises où les licenciements deviennent un objectif en soi : les chefs de service doivent y atteindre un score par mois ou par trimestre, peu importe la façon dont il est atteint : phases expéditives d’intimidation, pression savamment dosée, manipulation des collègues de travail ou des délégués du personnel.

Certains exemples donnés par Bille font frémir : mensonges, faux en écritures, détournements de la loi…

La phrase de Raymond Soubie, ancien conseiller social à l’Élysée, citée dans le livre, résume bien cette appétence pour le licenciement : « Pour obtenir un taux de croissance élevé, il doit y avoir 15% de destruction d’emplois par an dans une entreprise ». Tout est bon pour y arriver, y compris en sacrifiant parfois de vrais talents.

D’autres pratiques sont dénoncées dans le livre. Par exemple, le copinage avec les consultants, qui orientent les décisions des entreprises sans connaître le contenu réel du travail des équipes et qui n’assument pas les conséquences de leurs préconisations.

Le lecteur pourra être agacé par le systématisme des critiques du livre. Mais, parfois il est bon d’ouvrir plus grand les yeux. Il pourra aussi se demander pourquoi Bille s’est prêté à ce système (il a licencié lui-même plus de 1 000 salariés) qu’il dénonce aujourd’hui après en être sorti au bout de 22 années.

Aujourd’hui, Didier Bille « évolue au sein de structures qui s’attachent à (re)placer le lien social, le respect et la bienveillance au cœur de leurs politiques RH » (extrait de la 4ème page de couverture).

Arnaud Laudenbach

DRH, la machine à broyer – Didier Bille – Cherche-Midi – 2018 -270 pages – 18 euros