Depuis son intronisation place Saint-Pierre, le pontificat du pape François est tourné vers les plus faibles. Cette orientation est-elle issue de son charisme personnel ou de son appartenance à la communauté jésuite ?

Dans son livre « Les jésuites et les pauvres », le père Étienne Grieu sj, se demande si la présence des jésuites aux moins favorisés doit être considérée comme un trait de l’identité de la compagnie. Si cette question peut sembler bien loin des préoccupations d’un laïc dont le temps de lecture est compté, l’ouvrage enrichit pourtant notre rapport à la pauvreté à plusieurs degrés :

  • Spirituel car nous revisitons les exercices spirituels proposés par Ignace. Notre humilité nécessaire à la réussite de ces exercices est un préalable pour rencontrer l’humilié.
  • Individuel par l’exemple de figures jésuites (saint François-Xavier, Pierre Claver…) connues pour leur souci des pauvres ; l’auteur étudie comment ils ont répondu aux besoins individuels, spirituels et matériels (les réductions du Paraguay, les collèges d’Amérique…) de ces derniers.
  • Collectif, les modes de pauvreté évoluent. Son combat s’inscrit au sein d’une réflexion collective. Par son fonctionnement, la Compagnie a permis à des jésuites d’apporter des réponses pertinentes.
  • Politique car la recherche d’une organisation plus juste de la société plaçant l’option préférentielle pour les pauvres comme un pilier de sa constitution est « indissociable à une transformation de l’humanité ».

En étudiant chronologiquement les différents modes d’actions accomplies de leur constitution à nos jours, « Les jésuites et les pauvres » nous raconte l’aventure d’hommes qui ont combattu la pauvreté et la façon dont la compagnie les a soutenus. Les actions de ces religieux, le rôle de la communauté à laquelle ils appartenaient et leur pratique du discernement pourraient être imités par des chrétiens soucieux de répondre aux défis écologiques et sociaux du 21e siècle.

Henri Schvartz

Les jésuites et les pauvres, XVIe-XXIe siècles, Étienne Grieu, Lessius, 2020, 176 pages, 14 €