Le 26 mai, nous allons élire nos représentants au Parlement européen. À l’heure où l’Europe est contestée, vilipendée, dénigrée de toutes parts, ces élections sont capitales. Ou bien nous envoyons à Strasbourg des députés potiches, qui n’ont que faire de l’Europe et ne sont là que parce qu’ils ont échoué à être ailleurs, ou des europhobes qui n’ont d’autre but que de détruire la construction européenne en bloquant toute évolution.

Ou bien nous élisons des hommes et des femmes qui sont porteurs d’un projet pour l’Europe, qui souhaitent continuer l’œuvre de paix et de réconciliation entreprise voilà 70 ans, en en corrigeant les défauts, en l’orientant vers une plus grande solidarité, plus de justice sociale, plus de considération pour les peuples qui la composent et plus de respect pour la Création. Il ne s’agit pas de « refonder l’Europe », comme on l’entend trop souvent dire. On ne change pas une telle œuvre en décidant de tout reprendre à zéro. Les traités existent et ne seront pas modifiés. Mais ils sont suffisamment souples pour permettre des politiques fondamentalement différentes. Les 27 sont là, et il n’est pas question de laisser tel ou tel au bord du chemin en repartant de je ne sais quel noyau, bien impossible à définir.

Oui à l’Europe, entend-on dire de toutes parts, mais « l’Europe des nations ». Oui s’il s’agit de respecter la spécificité de chaque peuple et de lui laisser définir son droit interne comme le droit de la famille. Mais non si cela aboutit à un conglomérat d’États-nations qui n’ont d’autre objectif que la défense de leurs intérêts propres à courte vue. Avec pour conséquence le retour à une concurrence sauvage, où chacun tenterait de tirer la couverture à soi, comme on a pu le voir à propos de la directive sur les travailleurs détachés. L’Europe est loin d’être aboutie. Il reste à finaliser la monnaie commune en dotant la zone euro d’un budget et d’institutions qui lui sont propres, à côté de la BCE. Il faut aussi mettre sur pied une défense coordonnée, à l’heure où l’OTAN bat de l’aile et où les menaces s’accumulent à l’Est. Il est urgent d’opposer à la Chine une ferme volonté d’échanges sur la base de réciprocité et de loyauté. Enfin l’Europe devra se rapprocher des peuples qui la composent, et appliquer plus strictement le principe de subsidiarité.

Dans un monde en pleine évolution, où les droits humains sont de plus en plus contestés, bafoués, où les régimes « illibéraux » fleurissent, l’Europe apparaît comme un havre de liberté, de prospérité, comme un rocher battu par la tempête des appétits financiers, des menaces des technologies à visage inhumain, des impérialismes nouveaux ou renaissants. L’Europe est pour l’humanité un phare, un repère pour un monde plus juste, plus fraternel, plus solidaire, plus humain. Le 26 mai, les peuples du monde entier nous regarderont, parce que l’Europe est aujourd’hui le seul espoir de reconstruire un monde au service des hommes. Ne les décevons pas. Laissons là nos arguties de boutiquiers et regardons vers l’avenir. Un avenir qui a pour symbole un drapeau bleu constellé de douze étoiles.

Claude Bardot, équipier, secrétaire général de la section des Hauts de Seine du Mouvement européen

Redécouvrir le n° 442 de Responsables, s’abonner : Élire un Parlement, pour quelle Europe ?

Article publié en mai 2019