Vers une économie relationnelle ?

Les approches de la répartition de la valeur économique sont souvent fondées sur une logique de croissance ou de profitabilité maximale et prennent peu en compte les aspects sociaux et écologiques.

Une autre approche, chère à notre mouvement, consisterait à remettre l’Homme au cœur des mécanismes économiques. C’est ce que propose Pierre-Jean Cottalorda, docteur en économie et chercheur à l’Essec via le concept d’économie relationnelle. L’économie relationnelle est un système économique qui s’intéresse à l’émergence et à la qualité des relations interpersonnelles qui se nouent, de manière directe ou indirecte, tout au long du processus de création de valeur économique et humaine.

Ce système comprend un ensemble de capitaux sociaux-relationnels qui permettent (en compléments d’autres biens « classiques ») la production et/ou la consommation.

« La notion actuelle de « valeur économique » nous conduit dans l’impasse. Faisant le jeu du court-termisme, focalisée sur une dimension financière, elle risque de nous faire oublier ce qui compte vraiment. Elle ne reflète ni la qualité de nos vies, ni celle de nos relations interpersonnelles, ni celle de notre rapport au monde. Cette « valeur économique » semble en fait complètement déconnectée de la qualité de ces relations qui est pourtant essentielle. »[1]

Exemple de l’industrie de la chaussure à Romans-sur-Isère

L’industrie de la chaussure à Romans-sur-Isère illustre bien ce concept d’économie relationnelle.

Dans les années 1950, plus de 1000 personnes travaillaient dans le secteur de la chaussure mais dans les années 1980, les deux principaux acteurs du secteur (Stéphane Kélian et Charles Jourdan) connaissent des difficultés économiques. S’en suivent des délocalisations et la fermeture des usines au milieu des années 2000. L’avenir de la chaussure à Romans-sur-Isère paraît donc très sombre.

Pourtant, à partir de la fin des années 2000, des entrepreneurs du groupe Archer (initialement axé sur la réinsertion) vont se battre pour relancer l’industrie de la chaussure. Ils rachètent les anciennes lignes de production du chausseur Charles Jourdan, embauchent d’anciens ouvriers au chômage et regroupent les acteurs locaux (sociétés classiques, ESS et collectivités territoriales) afin de créer une dynamique de développement territoriale partagée par l’ensembles de parties prenantes.

Cette approche globale se matérialise concrètement par le projet de Cité de la Chaussure, inaugurée en 2019. Cette cité regroupe notamment une boutique multi marques de chaussures, exclusivement fabriquées à Romans, ainsi que des ateliers de production, dont celui d’Archer, qui fabrique 5000 pièces par an.

Le succès vient de la dynamique collective engendrée autour d’un savoir-faire, de la tradition, de l’amour du métier et d’une histoire : Romans, ancienne capitale française de la chaussure.

Questions clés

Comprendre les ruptures

Dans le monde classique de l’entreprise ou dans le monde du travail, le système relationnel a-t-il une valeur ?

Si oui, comment se manifeste-t-il dans mon entreprise, dans ma ville ou dans mon lieu de vie ?

Espérer pour demain

L’initiative du groupe Archer à Romans-sur-Isère me parait-elle transposable à d’autres secteurs ? Y-en a-t-il d’autres ?

Est-ce que je crois en ce type d’initiative ?

Sont-elles pour moi source d’espérance ?

Agir dès aujourd’hui

Dans ma vie au quotidien, est-ce que je développe la relation à l’autre : dans mon travail, dans mes engagements associatifs, dans ma famille ?

Quels sont les autres leviers pour contribuer à cette économie où la relation à l’autre prime: financement participatif, plateformes d’échange/achats de seconde main, réseaux locaux d’achats ?

Qu’est-ce que je peux faire pour être acteur de cette transformation dans mon quotidien ? dans mon entreprise ? dans mon territoire ?

Si j’ai déjà contribué à cette économie relationnelle, en ai-je retiré de la joie ? En ai-je retiré de l’espérance ?

Pour aller plus loin :