Alors que la France s’est fixé l’objectif de la neutralité carbone en 2050 (zéro émission nette de CO2), les experts estiment qu’il faudra baisser de 40 % la consommation énergétique, aujourd’hui basée aux deux tiers sur les énergies fossiles et électrifier massivement (transports, chauffage, industrie) pour remplacer le gaz et le pétrole.

Les chemins pour y parvenir sont au cœur des débats. Faut-il miser sur le nucléaire ou privilégier les énergies renouvelables ? Un sujet qui tombe bien étant donné la crise de l’énergie que le pays traverse actuellement : à l’impératif climatique s’ajoute celui de l’indépendance vis-à-vis des pays producteurs d’hydrocarbures.

>> Début janvier 2021, l’Agence internationale de l’énergie (IEA) et le gestionnaire du Réseau de transport d’électricité (RTE) présentaient une étude, commandée par l’État, sur les conditions permettant à la France d’atteindre l’objectif de 100 % d’énergies renouvelables (EnR) en 2050. Elle démontre la faisabilité technique pour 2060 (90 % d’EnR en 2050), à condition, précisaient les deux agences, de résoudre 3 problèmes :

  • l’intermittence des énergies renouvelables via le développement du stockage de l’électricité et de solutions permettant de gérer une plus grande flexibilité de la demande.
  • l’adaptation du réseau électrique pour répondre aux variations de production et de consommation.
  • le coût et la faisabilité industrielle des deux premiers points dans un laps de temps réduit.

>> Puis, le 25 octobre, un rapport plus large Futurs Énergétiques 2050 est publié. Des simulations permettent de calculer des trajectoires de consommation électrique, avec une référence de 645 TWh, (contre 430 aujourd’hui) et des extrêmes de 555TWh (sobriété) à 752 (réindustrialisation profonde). Sont aussi présentés six scénarios de mix de production, allant de 100 % d’EnR à 50 %.

Rappelons que la France est le seul, parmi les 27 pays de l’Union européenne, à avoir manqué son objectif pour 2020. Les énergies renouvelables ont représenté 19,1 % de sa consommation finale brute énergétique, alors qu’elles auraient dû atteindre 23 %, selon une directive européenne de 2009.

>> Dernière publication de RTE le 15 février : des analyses approfondies éclairent notamment sur les implications des deux scénarios alternatifs de consommation. Du point de vue de la production d’électricité, la sobriété limite le besoin d’EnR même s’il faut quand même accélérer leur développement par rapport à aujourd’hui, conclut RTE. À l’inverse, la réindustrialisation profonde, en augmentant la consommation électrique, accroît aussi les besoins en EnR par rapport au scénario de référence. Cela, sachant que les capacités à construire de nouvelles centrales nucléaires sont limitées.

Côté coûts, RTE calcule que le scénario de sobriété est moins cher d’environ 10 milliards d’euros par an par rapport à la référence pour l’ensemble du système (production, flexibilités, réseau). Celui d’une réindustrialisation poussée augmente les coûts de 10 milliards.

Ces études éclaireront les électeurs, à la veille de choix politiques déterminants pour notre société.

Jean-Marie Patoureaux, équipier à Manosque