Samedi après samedi, nos concitoyens défilent dans toutes les grandes villes avec des doléances inédites, exprimées parfois de façon violente. La crise ne s’arrête pas à nos frontières, la montée des populismes en Europe et aux Amériques en est le signe. Des solutions radicales, parfois nécessaires mais souvent simplistes, sont proposées dans le monde entier par des gens qui n’ont plus grand chose à perdre. N’est-ce pas un « signe des temps » que le Concile nous encourage à lire ? « Mû par la foi, se sachant conduit par l’Esprit du Seigneur qui remplit l’univers, le Peuple de Dieu s’efforce de discerner dans les événements, les exigences et les requêtes de notre temps, auxquels il participe avec les autres hommes, quels sont les signes véritables de la présence ou du dessein de Dieu » (Gaudium et spes, 11).

Dans le cadre du grand débat national, plus d’un million de personnes ont déjà exprimé leurs propositions. À la demande de la Conférence des évêques de France, les catholiques sont rentrés dans le débat à leur manière : soirées paroissiales, débats diocésains, contribution des grandes institutions catholiques (Secours catholique, Semaines sociales de France, EDC…). Ceux qui ont pour l’instant répondu au sondage lancé par notre Bureau national (il est encore temps !) y sont pour la plupart engagés.

Les avis sont pluriels et difficiles à rapprocher. Puisque nos concitoyens se sont pris au jeu, il va falloir trouver des solutions. Sinon, ils n’accepteront plus de prendre part à l’exercice démocratique. Or, le gouvernement ne peut pas être seul à la manœuvre. Il s’agit de remobiliser les corps intermédiaires : associations, entreprises, syndicats, partis politiques… C’est la tradition du catholicisme social d’encourager ses membres à s’engager au nom de leur foi. Notre charte affirme même : « en tant que Mouvement d’Église, le MCC a pour vocation de contribuer aux débats concernant les évolutions de nos sociétés, en étant particulièrement attentif aux processus d’exclusion et aux situations de pauvreté ».

Bertrand Heriard, aumônier national