Jeûner, c’est très tendance. Surtout au moment du Carême.

« Pourquoi, alors que nous et les pharisiens, nous jeûnons, tes disciples ne jeûnent-ils pas ? » (Mt 9, 14) demandent les disciples de Jean-Baptiste. Il faut jeûner parce que c’est la loi. Pour Jésus, jeûner, c’est creuser le désir. C’est prendre conscience que ce n’est pas d’abord de pain que nous vivons mais d’une nourriture qui nourrit vraiment. N’avait-il pas découvert en jeûnant au désert que  « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » (Mt 4, 4) Pour Jésus, le Dieu qui nourrit est le Dieu de l’Alliance, celui qui se lie à son peuple, celui qui marche avec eux.

« Les invités de la noce pourraient-ils être en deuil pendant que l’époux est avec eux ? » : poursuit Jésus. Nous ne pouvons pas rester tournés sur notre pratique, nos rites et habitudes comme une fin en soi, sans nous associer à ce désir de Dieu de rejoindre l’homme, ce désir de se lier à lui.

Comme les disciples d’Emmaüs ne peuvent rester sur le ressenti de son départ, de son absence, ils découvrent en remontant à Jérusalem que Jésus est à l’œuvre. Dieu poursuit son désir de se faire proche sur notre route.

« On ne met pas du vin nouveau dans des vieilles outres » : conclut Jésus. On ne met pas un tel don dans des vieux discours, des vieilles manières de faire ! Le vin nouveau, le don de l’amitié de Jésus a besoin de se développer, de pétiller. Il a besoin de la souplesse d’une nouvelle peau.

Ce don que Dieu veut faire de lui-même en agissant en nous, en nous révélant qui nous sommes, a besoin d’un espace nouveau, d’une outre neuve. Alors nous pourrons devenir des porteurs pétillants, créatifs de vie auprès de nos contemporains. Il y a urgence : le vin nouveau ne dure pas et perd de son pétillant en vieillissant.

« C’est maintenant le temps favorable » (2 Co 6, 2)

Rejoignons les lieux où le monde craque et s’ouvre à une vie nouvelle. Là où se régénère notre mouvement, où se désirent de nouvelles relations, nos Eglises à réformer, là où s’invente un nouveau rapport à la maison Commune…

Car il y a urgence à connaitre et partager la joie, non ?