Lors de la rencontre de l’Équipe nationale des 19 et 20 novembre 2022, l’aumônier national adjointe, Anne Da, a offert sa méditation sur l’Évangile du Christ Roi en la fête du Christ Roi de l’univers. Nous la reproduisons ci-après.

Nous sommes réunis ce matin, deux mois après le Congrès de Nantes où nous avons pris appui sur la réalité du mouvement aujourd’hui comme un levier pour chercher et trouver les moyens à mettre en œuvre pour davantage de vie en 2026.

Et nous voilà convoqués par la Parole de Dieu à entendre, à voir, à contempler la royauté du Christ, Roi de l’univers. Dans les temps que nous traversons, dans l’effondrement de ces mondes, tant au niveau de la société que de l’Église, que nous avons contribué à construire, pour lesquels nous avons œuvré et parfois donné le meilleur de nous-mêmes, comment accueillir et consentir à cette manière du Christ de vivre la royauté ?

Adopter les manières du Christ

Quand Ignace propose au retraitant la méditation de l’appel du Roi, il l’invite à ouvrir l’oreille pour laisser résonner au plus profond de lui son désir qui va peu à peu s’accorder au désir du Christ, par la contemplation de sa vie, de sa mort, de sa résurrection. Car il s’agit de s’engager avec le Christ, de prendre ses manières, de veiller avec lui sur les hommes et les femmes de notre temps. Cet appel est personnel et prendra une couleur, une tonalité propre. Mais cet appel, s’il est unique, adressé à chacun, concerne tous ceux et celles qui sont à l’écoute, car le Seigneur par cet appel particulier et universel veut constituer un corps. Un corps apostolique, envoyé à la rencontre des hommes et des femmes de ce monde bouleversé, perdu dans une nuit opaque, pour avec eux, parfois malgré eux, chercher et trouver des chemins de vie. Pour faire advenir son royaume qui se dit en termes d’un labeur, d’une traversée le plus souvent nocturne, pour rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés, pour sa gloire. Car l’horizon est bien la gloire du Père.

Il faudra au retraitant un long temps de compagnonnage et de contemplation pour se laisser affecter par cet homme Jésus qui prend des chemins qui lui sont inconnus, qu’il voudrait éviter. Se laisser affecter, se laisser mettre avec le Christ, adopter ses manières et ses choix, jusqu’à celui de donner sa vie par amour. Lui qui, ayant aimé les siens jusqu’au bout, se laisse traiter comme un esclave.

Se laisser toucher par Lui

Comment fêter le Christ Roi ? Que veut dire cette inscription au-dessus de cet homme mis en croix, « Celui-ci est le Roi des Juifs ». Qui est ce roi avec une croix pour trône, où est sa gloire, quel est ce roseau qui lui tient lieu de sceptre ? Où est sa tunique sans couture ? Pourquoi ces clous dans ses mains et son côté, qu’il présentera à Thomas comme le signe du plus grand amour ? Quel est-il donc cet homme, tourné en dérision par un larron et des soldats : « sauve-toi toi-même ! » Ultime tentation pour Jésus, celle de tourner son humilité de Fils Bien Aimé du Père en toute-puissance pour sauver sa propre vie.

Le silence de Jésus vient libérer la parole du condamné qui s’en remet en toute humilité à la bonté de celui qu’il découvre comme son Seigneur. « Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume » ! Cet homme, au seuil de la mort, s’est laissé toucher, atteindre par Jésus. Par sa confession de foi, il lève pour nous le voile de la croix, nous dévoile et nous révèle le sens de cette royauté qui va à l’encontre de nos manières, et nous ouvre à l’Espérance du Royaume à l’œuvre, comme une lumière au cœur de la ténèbre. « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis ».

Le Christ Roi, passeur d’avenir

Oui le Christ Roi nous emmène dans une traversée, nous fait passer d’une rive à l’autre, nous invite à construire avec Lui le royaume en germe dans chaque décision de sortir de nous-même pour aller à la rencontre de l’autre.

Le Christ Roi est passeur d’avenir pour notre monde en ce jour. Osons nous mettre à sa suite, passer avec lui et en lui, pour témoigner concrètement dans nos vies de cet Amour qui nous attend.

Anne Da

Calvaire à Donneville (Haute-Garonne) © Sylvain Hennebel