Omniprésents dans l’actualité, les Gilets jaunes se préparent à vivre leur 9e épisode. Cette crise nous mène à signaler aux équipiers une analyse éclairante de Patrick Viveret, publiée dans Projet, sur « les trois dettes », la dette financière, la dette sociale et la dette écologique, qu’on voudrait laisser les plus légères possibles aux autres générations.

La première contraint tout choix politique, et pas seulement en Europe. Les métaphores de bon père de famille ne manquent pas pour l’évoquer : aucun pays ne peut continuer à vivre au-dessus de ses moyens, les impôts aujourd’hui servent à payer la dette d’hier, la spirale de la dette n’est plus supportable… ; nous sommes familiers de ce vocabulaire. Pourtant selon Patrick Viveret, la dette financière, générée par le système financier, lui-même entièrement basé sur le crédit qui fait vivre le système bancaire et les États, masque la « deuxième dette » : celle qui se nourrit des inégalités inscrites dans le temps, une sorte de « dette sociale » contractée vis-à-vis des perdants de la mondialisation, à la faveur du creusement des inégalités de revenus entre le patrimoine et le travail sur les trente dernières années.

Pour écouter les Gilets jaunes, le Gouvernement a pris une série de mesures attendues sur le pouvoir d’achat, comme si l’heure de cette deuxième dette était venue. Mais la troisième dette, écologique, est plus grande encore : irréversible et non anticipée. Elle nécessitera une mobilisation et des investissements gigantesques pour faire face à un défi qui concerne notre propre survie.

En un mois, la dette financière – la plus médiatisée, celle qui se raconte sans cesse et conditionne toutes les politiques, a disparu des écrans radars derrière l’urgence sociale. Pourtant les Français n’ont pas oublié les avertissements du GIEC, et, au même moment, la pétition « L’Affaire du siècle », initiée par 4 ONG afin d’assigner l’État français en justice pour inaction climatique, recueille 2 millions de signatures… Nous, équipiers du MCC, répondrons-nous présent pour accompagner la réflexion et l’action sur ces changements ?

Mireille Viora

Les trois dettes, Patrick Viveret, Projet, avril 2013