Le 6 juin dernier, le MCC co-organisait un débat à la Conférence des évêques de France (CEF) à l’occasion de la publication de l’édition commentée chez Lessius du document du Vatican intitulé « Problèmes économiques et financiers ». Cette soirée a fait dialoguer des responsables religieux et en entreprise : Mgr Bruno-Marie Duffé, secrétaire du Dicastère pour le service du développement humain intégral au Vatican, Laurence Debroux, directrice financière d’un grand groupe et membre du MCC, ainsi que Grégoire Niaudet, chargé de plaidoyer finance au Secours Catholique, Caritas-France.

La discussion a ouvert des pistes d’action concrètes pour ramener le monde financier à sa vocation première : être un outil au service de l’économie, c’est à dire des activités non financières, dans la perspective de permettre à l’économie de créer de la valeur.

Le premier axe est celui de renforcer l’engagement individuel et collectif. Chacun de nous est un acteur économique au centre de la sphère financière en tant que consommateur ou emprunteur, et peut dans ses transactions choisir et imposer ainsi un choix éthique. Nous sommes aussi des relais dans l’entreprise où nous devons avoir le courage de susciter un débat pour définir ce qui est nécessaire pour le développement intégral des individus.

Le deuxième axe doit envisager de revoir certains aspects du fonctionnement de la finance. Cela passe certainement par un réinvestissement des citoyens dans les instances de pilotage (États, régulateurs..) qui permettront des réformes nécessaires comme :

– La révision du fonctionnement des instances de régulation telles que les banques centrales.

– La réforme du modèle des banques (séparation des activités).

– La mise en avant des structures actionnariales stables privilégiant des visions long terme.

– Un meilleur alignement des investissements sur les marchés financiers avec les besoins de l’économie réelle qu’elles financent.

– Une plus grande place laissée aux nouvelles générations dans l’économie et la finance.

Il n’y a pas de solution toute faite. Les questions sont complexes. Si l’on décrit les positions spéculatives et les produits dérivés, force est de reconnaître qu’ils permettent aussi parfois à l’économie réelle de gérer et diversifier ses risques. C’est donc bien dans le discernement de chaque situation et de chaque transaction que l’on peut orienter la finance vers sa vocation : faire grandir le bien collectif dans toutes ses dimensions. Nous devons avoir à l’esprit les deux grands principes qui découlent de la doctrine sociale de l’Église pour une économie sociale et solidaire :

  • Ne pas mettre en premier la recherche du profit
  • Bannir les effets négatifs sur l’environnement et les individus

Françoise Gintrac, équipière à Paris

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