Pendant 96 minutes, Wim Wenders nous met en présence du pape François. Le documentaire est structuré par un long interview original où le Pape répond à ses questions sans fard. Il est agrémenté d’image d’archives où on suit le souverain pontif aux coins les plus meurtris de la planète : des rescapés du cyclone Haiyan en 2013 aux réfugiés de l’Île de Lesbos.
Il présente aussi le cardinal Bergoglio proposant aux familles divisées de Buenos Aires de se réconcilier. Car c’est le même homme que le réalisateur nous fait rencontrer. C’est la même parole qu’il nous fait goûter.
Le film nous révèle l’inspiration profonde de tout le pontificat : saint François d’Assise avait rebâti l’Église du XIIIe siècle en vivant l’Évangile à la lettre. À son école, le pape François ne se contente pas de dénoncer le pouvoir de l’argent. Il vit pauvrement et appelle l’Église à se débarrasser de ces maladies honteuses : la tristesse, l’amnésie spirituelle, les abus sexuels… Comme François d’Assise, il se met du côté des petits privés de terre, de toit et de travail. Et parmi les plus pauvres des pauvres, il reconnaît « notre sœur mère la terre, qui nous porte et nous nourrit », en citant le Cantique du frère soleil, premier poème en langue italienne. Aujourd’hui, elle crie de ne plus pouvoir nourrir ses enfants, tellement elle est saturée de nos déchets.
Présent aux petits, le pape François reçoit pourtant les grands pour leur faire entendre son indignation et un appel à la fraternité universelle. Pour lui, seul l’amour est universel et nous fait accepter la différence comme une richesse, la diversité comme un potentiel, les conflits comme un moteur du progrès. On ressort du film grandi, fier d’être un homme ou une femme, et pour certain d’être chrétien.
Bertrand Heriard, aumônier national
Wim Wenders, Le pape François, Un homme de parole, 2018, 96 minutes