Le 10 mars, une rencontre franco-allemande, associant notamment le MCC en Alsace et les mouvements de l’action catholique, a permis un échange entre acteurs de l’économie du bien commun du pays de Bade et acteurs français de l’économie sociale et solidaire (ESS).

L’économie du bien commun (ou GWÖ pour Gemeinwohl-Ökonomie, selon son sigle allemand) est un mouvement international impliquant de nombreuses personnes, entreprises et communes, qui entend donner la priorité à l’homme et à l’environnement et pas seulement au profit. Pour mesurer la contribution au bien commun, la GWÖ a créé un « bilan de contribution au bien commun » pour les entreprises, les communes et les établissements d’enseignement avec l’aide d’un système à points pour évaluer la prise en compte, dans leur agir, de la dignité de la personne, de la solidarité et la justice, du développement durable écologique, de la transparence et la codécision, selon une matrice détaillée (cf. visuel ci-dessous).

Ce système de notation prend en compte sous-traitants, propriétaires, collaborateurs, clients et impact social en général. Meilleure est la contribution au bien commun et plus l’organisation reçoit de points.

Ceux-ci, pour chaque objectif, rendent visible la contribution de chaque organisme au bien commun et permettent, par exemple aux consommateurs lors d’achats, de mieux s’orienter. La GWÖ incite à ce que les organisations qui ont un bon bilan obtiennent des avantages par exemple pour les impôts, de meilleurs crédits ou encore des préférences d’achat. Le but est que les produits écologiques, éthiques et régionaux deviennent moins chers et plus attractifs. Concrètement, la GWÖ travaille avec les responsables politiques, les entreprises, les organisations et la société dans un processus démocratique.

C’est en 2010 que l’universitaire Christian Felber a fondé à Vienne, en Autriche, l’Association pour la promotion de l’économie du bien commun, avec l’intention suivante : « Nous voulons construire un ordre économique qui soit en accord avec nos valeurs fondamentales, autant la durabilité que des valeurs relationnelles et constitutionnelles de référence, ce qui signifie que le système économique doit stimuler les entreprises, les consommateurs et les investisseurs afin qu’ils se comportent de façon durable, coopérative, transparente, et globalement de façon éthique : ils doivent être pour cela récompensés et mis en avant. » Si sa vision devait se réaliser, Christian Felber est convaincu que nous aurions une « grande clé » pour résoudre les problématiques mondiales majeures ou tout au moins disposer d’alternatives susceptibles de sécuriser l’avenir de la planète.

Depuis 2010, le mouvement de l’économie du bien commun s’est développé dans trente pays de tous les continents avec, comme centre de gravité, l’Europe et l’Amérique latine à travers la création de plus de 250 groupes régionaux. Sa réussite la plus notable est, au plan européen, l’élaboration par le Comité économique et social d’un ensemble d’initiatives s’inspirant de ce modèle ; 86 % des membres ont voté pour son intégration dans le droit de l’UE et de celui de ses pays membres.

Marie-Odile Lampert et Daniel Fischer, accompagnateurs spirituels en Alsace-Franche-Comté Nord

https://www.ecogood.org/new-eu-rules/