L’opinion publique et médiatique n’a cessé de tirer à boulets rouges sur l’Union et surtout sur la Commission. « Trop lente, trop technocratique, trop dogmatique… » Comme si les gouvernements auraient fait mieux. On compare l’Union au Royaume-Uni, à Israël, à la Suisse. Comme si un ensemble d’États souverains de 450 millions d’habitants, dont la santé n’est pas de sa compétence, pouvait être comparé à ces États moyens ou petits, qui de plus, n’ont aucun scrupule à acheter les vaccins à n’importe quel prix pour rattraper les erreurs commises en début ou en cours de pandémie.
Il faut saluer la décision des 27 à l’unanimité – requise pour un domaine hors de la compétence de l’Union – de faire des achats groupés pour obtenir un prix plus bas, de façon à ne pas pénaliser les pays moins favorisés de l’Union, qui auraient eu du mal à se procurer des vaccins sur le marché mondial où la course entre acheteurs fait rage. Pour une fois, la solidarité entre pays membres a joué à plein. Il faut d’ailleurs souligner que l’Allemagne a finalement accepté de renoncer à garder sa production pour elle-même et de la mettre à la disposition de l’ensemble des 27 à un prix réduit. On peut comprendre que cette unanimité ait pris un peu de temps. Mais les 27 bénéficient de vaccins de qualité à prix modique. L’Union n’a pas voulu non plus signer avec les labos une décharge de responsabilité qui les exonérerait en cas d’effets indésirables majeurs. Les Britanniques et Israël n’ont pas eu cette prudence.
Enfin il faut noter que, contrairement aux USA, l’Union accepte que ses industries vaccinent le monde. L’Europe s’engage dans un effort mondial pour fournir des vaccins aux autres continents, pas les USA. On peut estimer que la moitié de la production européenne part vacciner d’autres pays, ce qui explique en grande partie la différence de vaccination entre la population européenne et américaine.
C’est également l’adoption du plan de relance voté en juillet par le Conseil – à l’unanimité également – qui mérite notre admiration. Malgré l’opposition initiale des « frugaux », pour la première fois la Commission peut s’endetter pour les pays membres et faire profiter les États les plus pénalisés sur le plan économique – le Sud – de la garantie qu’offre la première économie mondiale. Il faudra s’en souvenir.
Claude Bardot, ancien co-responsable du secteur Nord des Hauts-de-Seine, secrétaire général de la section des Hauts-de-Seine du Mouvement européen