L’objectif de neutralité carbone en 2050, fixé par l’accord de Paris de 2015, nécessite le concours de tous. Selon une étude du cabinet Carbone 4, la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) peut provenir pour 25 % des actions individuelles. L’empreinte carbone moyenne est d’environ 10 t équivalent CO2 par Français par an, dont 2,9 t pour l’alimentation, 2,8 t pour le transport, 2,2 t pour le logement. L’Ademe publie ces chiffres sur le site www.nosgestesclimat.fr, qui permet à chacun de calculer son empreinte climatique. Pour le transport, on sait ce qu’il faut faire… Mais on ne peut pas toujours. Un exemple pour le logement : le remplacement d’une chaudière à fioul par une chaudière à granulés peut réduire jusqu’à 3 t par personne.

L’alimentation est l’un des postes où l’on peut gagner beaucoup avec un minimum d’efforts. Passer au bio, éviter surtout la viande (et autres produits) d’élevages industriels sont des solutions à notre portée, sauf pour les ménages très modestes. Dans l’excès, on peut atteindre 3,7 t alors qu’un régime vertueux émet 0,7 t : peu ou pas de viande, produits bruts (peu de produits transformés), en vrac, de saison et local. Le local est certes vertueux mais au regard des GES, il pèse peu ; le transport joue à la marge, les GES provenant pour 80 % des conditions de production.

Les calculs de bilan carbone ne tiennent pas compte en général de deux éléments :

  • les fortes émissions dues à la déforestation importée (soja principalement pour élevages industriels de porcs, volailles, vaches laitières),
  • l’effet positif, pour les élevages à l’herbe, de la séquestration du carbone dans les sols enherbés qui compense l’effet négatif des émissions de méthane (selon une étude de l’Institut de l’élevage français).

De ce fait on peut considérer que les émissions nettes des bovins à l’herbe ne dépassent pas celles des volailles ou porcs.

En détaillant les différentes composantes :

  • viande : on peut réduire d’au moins 1 t,
  • frais, de saison, local : une expérimentation en restaurant de l’Ademe, retracée dans le magazine Que Choisir, conclut à une réduction de 60 % des GES,
  • bio : une étude du Rodale Institute (ONG américaine fondée en 1947, qui soutient la recherche en agriculture biologique) sur cultures chiffre la réduction des émissions à 40 %, en cohérence avec les observations d’experts agronomes…C’est la non-utilisation des intrants chimiques, surtout les engrais azotés, qui permet la plus forte réduction.

En conclusion, il est possible de réduire son bilan carbone de 20 à 25 % (de 2 t à 2,5 t), rien que par l’alimentation. Qu’attendons-nous ?

Jean-Marie Patoureaux, équipier à Manosque, président du CCFD-Terre Solidaire 04