Quelle place accordons-nous à la politique dans nos vies de citoyens ? La désaffection constatée, et croissante, pour les questions politiques dans notre pays ne doit pas faire oublier les dangers bien réels que ce phénomène fait courir à la société. Interrogeons-nous, de manière posée et sans parti pris, sur le rapport que nous avons chacun-e avec la politique, tout particulièrement à l’approche d’échéances électorales importantes.

L’équipe, lieu d’écoute et de discernement partagé, permet un dialogue véritable tout en respectant la diversité des opinions politiques. Il ne s’agit pas de débattre de nos choix personnels mais de la manière dont nous percevons l’enjeu d’une juste considération pour la politique en général.

1er temps : Partageons nos constats, l’état des lieux de nos rapports à la politique

Mes sources d’information :

  • De quelle manière je m’informe de la vie politique nationale, des réalités politiques locales, des questions politiques internationales ? Quelles sont les sources, médias, réseaux sociaux, que j’utilise habituellement ? Selon quelle fréquence ? Pour quelles raisons ?
  • Est-ce que je prends le temps de confronter plusieurs médias sur un sujet donné ? Est-ce qu’il m’arrive de rechercher un document (article, vidéo, …) développant une analyse sur un sujet qui m’intéresse ?
  • Est-ce que je participe à des réunions, conférences, meetings, ayant trait à un projet local, ou national, voire européen, à un programme électoral… ?
  • Me suis-je déjà engagé dans un mouvement politique, qu’est-ce qui m’a retenu de le faire ?

Mon regard sur les acteurs de la vie politique :

  • Suis-je habituellement plutôt confiant, indifférent, critique, défiant, … vis-à-vis de l’action du gouvernement, des élus de ma région, de ma commune, de tel ou tel personnage du monde politique… ?
  • Quels sont les arguments que je me donne à moi-même pour étayer mon jugement ?
  • Quelles sont les difficultés auxquelles je me heurte, le cas échéant, pour apprécier correctement leurs paroles et leurs actes ?
  • Est-ce qu’il m’arrive d’en discuter autour de moi, facilement, rarement ?

2ème temps : Méditons sur ces extraits de l’encyclique Fratelli tutti, prenons le temps de percevoir ce qu’ils nous inspirent.

  1. Pour beaucoup de personnes, la politique est aujourd’hui un vilain mot et on ne peut pas ignorer qu’à la base de ce fait, il y a souvent les erreurs, la corruption, l’inefficacité de certains hommes politiques. À cela s’ajoutent les stratégies qui cherchent à affaiblir la politique, à la remplacer par l’économie ou la soumettre à quelque idéologie. Mais le monde peut-il fonctionner sans la politique ? Peut-il y avoir un chemin approprié vers la fraternité universelle et la paix sociale sans une bonne politique ?
  2. […] « Nous avons besoin d’une politique aux vues larges, qui suive une approche globale en intégrant dans un dialogue interdisciplinaire les divers aspects de la crise ». Je pense à « une saine politique, capable de réformer les institutions, de les coordonner et de les doter de meilleures pratiques qui permettent de vaincre les pressions et les inerties vicieuses ». On ne peut pas demander cela à l’économie, ni accepter qu’elle s’empare du pouvoir réel de l’État.
  3. Face à tant de formes mesquines de politique et à courte vue, je rappelle que « la grandeur politique se révèle quand, dans les moments difficiles, on œuvre pour les grands principes et en pensant au bien commun à long terme. » […]

3ème temps : Ouvrons le débat sur la capacité d’améliorer notre regard sur la politique et sur les moyens pratiques pour y parvenir

Les conséquences possibles du désintérêt pour la politique et le fonctionnement des institutions publiques :

  • Ai-je des craintes par rapport aux manifestations de ce désintérêt, montée de l’abstention, plus faible légitimité des élus, morcellement de la collectivité nationale, etc. ?
  • A contrario, est-ce que je perçois des signes positifs en observant certaines initiatives actuelles dans le champ politique, au plan national comme au plan régional ou local ?

La manière d’améliorer mon information et mon jugement sur la politique :

  • Ai-je le désir et le temps de diversifier mes sources d’information, de rechercher des analyses approfondies, nuancées, pour mieux comprendre les enjeux essentiels et la complexité systémique des problèmes auxquels sont confrontés les responsables politiques aujourd’hui ?
  • Le souci d’une information de qualité peut-il m’aider à former une appréciation aussi objective que possible des intentions affichées et des décisions des responsables politiques ?
  • Comment j’élabore mes critères de jugement, à quelles finalités je me réfère personnellement ?

Il peut être intéressant de faire appel ici aux grands principes de la Doctrine sociale de l’Église (DSE), par exemple le respect de la dignité des personnes, la recherche du bien commun… (cf. les références sur ces thèmes sur le site du MCC).

Christian Sauret, comité de rédaction