Le 4 avril s’est tenu le deuxième débat, avec un angle particulier lié à la tradition spirituelle du MCC. Devant plus de 80 personnes sans compter les équipiers en régions, Jean Philippe Pierron, professeur de philosophie morale à l’université Lyon 2 et Bernard Bougon, jésuite, enseignant au Centre Sèvres, ont débattu de la manière dont la spiritualité pouvait ré-enchanter le travail.


Jean-Philippe Pierron a montré comment le désenchantement du travail touche le rapport à soi, aux autres et au monde. Sur le premier point, il a évoqué Max Weber et les conséquences de la reconfiguration du travail comme profession et non plus comme vocation. Sur le rapport aux autres, il a cité la thèse de Christophe Dejours selon laquelle les nouvelles organisations tuent la relation vive de collaboration au profit d’une simple coordination et celle d’Alain Supiot du « gouvernement par les nombres » qui conduit à ignorer ce qui compte vraiment, sous prétexte que ce n’est pas écrit dans les procédures. Enfin, il a noté que les entreprises sont de plus en plus dé-localisables, sans souci des liens avec le territoire qui rendent possible leur activité. Dans ce contexte, une spiritualité du travail prend soin de l’attention aux liens, restaure notre capacité de penser « global » et soutient l’imagination des acteurs.

Partant de souffrances entendues lors d’un séminaire de « jeunes pro », Bernard Bougon s’est appuyé sur le paradoxe entre investissement et frustration au travail, déjà relevé par Hervé Garnier et Pierre-Yves Gomez lors du premier débat. Contrairement aux facteurs de stimulations (conditions et ambiance de travail), les facteurs de motivation (accomplissement, reconnaissance, promotion, responsabilité…) décrits par Frederick Herzberg, psychologue américain, ouvrent sur le champ du spirituel. Ils permettent de reconnaître « la raison d’être » qui rend la vie désirable et ouverte à une contribution à la société.
Ainsi, les deux intervenants se sont rejoints sur le fait qu’une spiritualité ne peut ré-enchanter le travail que si elle est incarnée et prend en compte la totalité de l’expérience du travailleur.

Le mercredi 30 mai avril à 19h45, Antoine Dulin, vice-président du CESE et ancien délégué général d’un mouvement de jeunes, et Danièle Linhart, sociologue du travail et spécialiste des stratégies managériales, exploreront le rôle de l’écologie pour ré-enchanter le travail des jeunes. La soirée sera introduite par Jérôme Lhote, jeune pro du MCC et fondateur de la plateforme Koom. Suivez-le nombreux !

Bertrand Hériard, aumônier national